Un ancien garde du corps de Mobutu a été condamné vendredi à 20 ans de réclusion pour avoir tué quatre de ses enfants dans un incendie volontaire en 2009, à l’issue de son procès devant la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle.
En entendant le verdict, certains de ses grands enfants, nés d’une précédente union et qui soutenaient leur père, ont fondu en larmes ou éclaté de colère. Ils ont été évacués de la salle d’audience, sans heurts.
L’avocat général avait requis 25 ans de réclusion criminelle.
« Lui, l’ancien garde du corps de Mobutu (ex-président du Zaïre, aujourd’hui République démocratique du Congo, ndlr), lui le soldat super-entraîné, lui qui, du temps de sa splendeur, se serait jeté sur les balles pour protéger son président… Et bien là, il n’a rien fait pour sauver ses enfants, il les a même exécutés froidement. Le feu n’est pas accidentel », avait déclaré l’avocat général lors de son réquisitoire.
Lombo Mundeke, 57 ans, s’en était sorti indemne, secouru à temps par les pompiers. Mais ses quatre enfants, âgés de 2 à 7 ans, sont morts intoxiqués par l’épaisse fumée du sinistre.
Pour la mère des victimes, « c’est un soulagement qu’il soit reconnu coupable », même si elle « regrette » que le procès n’a pas permis d’obtenir davantage d’explications de la part de M. Mundeke, a confié à l’AFP l’avocate des parties civiles, Me Virginie Barbosa.
La mère des victimes est persuadée que M. Mundeke a volontairement mis le feu à l’appartement familial à Nancy pour se « venger » d’elle parce qu’elle comptait se séparer de lui.
Leur couple était en crise depuis des mois. M. Mundeke était arrivé en France en 2000, après avoir fui son pays natal à la chute de Mobutu en 1997. En 2008, un accident vasculaire cérébral l’invalide à 80% et ses quatre autres enfants, nés d’une première union en Afrique, le rejoignent au domicile familial à Nancy, ce qui provoque des tensions avec la belle-mère.
Un homme à deux visages
Au procès, deux camps se sont opposés, des témoins favorables à M. Mundeke et d’autres à la mère des victimes.
Décrit par certains comme un « père attentionné », un « bon époux » et un « bon chrétien », M. Mundeke, en fauteuil roulant, a affirmé qu’il n’était pas l’assassin de ses enfants. Selon lui, ce sont eux qui ont probablement joué avec des allumettes pendant qu’il dormait. Il était le seul adulte à veiller sur eux au moment du drame, et la porte d’entrée était fermée à clé.
Mais dans l’ensemble, sa version des faits est très confuse, et plusieurs détails la rendent difficilement crédible. La seule boîte d’allumettes du domicile était par exemple posée au-dessus d’un meuble de la cuisine, à une hauteur difficilement accessible pour de jeunes enfants. Et elle a été retrouvée quasiment au même endroit.
Lui-même a déclaré à la barre qu’il ne savait « rien » des circonstances exactes car « tout était noir » au moment de l’incendie. Il a été secouru par les pompiers, gisant dans la cuisine, un endroit relativement épargné par la fumée. Les enfants ont eux été retrouvés morts dans une chambre située près du foyer du feu, allongés sur un matelas et recouverts d’une couette.
Pour d’autres membres de l’entourage de la famille, comme pour l’avocate des parties civiles, Me Virginie Barbosa, M. Mundeke était au contraire un homme « autoritaire » et « manipulateur », qui n’a pas supporté que sa femme, longtemps soumise et contrainte à des relations sexuelles forcées, décide de le quitter.
Me Barbosa s’était demandée s’il ne faisait « pas semblant de ne pas pouvoir répondre ou de ne pas comprendre les questions » de la cour.
« Il n’y a pas d’éléments objectifs prouvant sa culpabilité, il n’y a que des hypothèses, des analyses a posteriori », avait au contraire dénoncé l’avocate de la défense, Me Annie Levi-Cyferman.
AFP