Médecins et experts de la santé, réunis au sein du Groupement des cadres de la santé de Côte d’Ivoire se sont retrouvés à Grand-Bassam les 27 et 28 août 2021 autour d’une conférence scientifique sur l’intérêt de la vaccination contre la COVID-19.
Si j’ai pu tirer une leçon essentielle au sortir de cette rencontre, c’est qu’au même titre qu’une bonne partie de la population, la vaccination contre la COVID-19 n’attire pas certains de ces hauts cadres de la santé.
Or, cette pandémie ne ménage pas justement le personnel soignant dont 18% était atteints à Bouaké d’après une étude de l’antenne régionale de l’Institut national d’hygiène publique (INHP). C’est du moins ce que révèle Coulibaly M’Begnan, membre de cette antenne. Il reconnaît que « le personnel de santé est influencé par les réseaux sociaux. »
“Le risque de transmission de la maladie est réduit de moitié chez celui est vacciné par rapport à celui qui n’est pas vacciné”
Tiembré Issa, INHP, Abidjan-Treichville
Ce qui fait dire à Coulibaly Gaoussou, directeur de l’Agence ivoirienne de marketing social (AIMAS) que « les comportements est très étonnants. A Adjamé et Abobo, porter un masque fait de toi un extraterrestre ».
Tiembré Issa, sous-directeur chargé de la vaccinologie à l’INHP à Abidjan-Treichville et membre de la Coordination nationale pour le déploiement de la vaccination contre la COVID-19 en Côte d’Ivoire a saisi l’occasion de cette conférence pour rappeler le bien-fondé de la vaccination.
« Le risque de transmission de la maladie est réduit de moitié chez celui est vacciné par rapport à celui qui n’est pas vacciné. Les dernières données indiquent qu’à 96%, Astrazeneca et Pfizer/Biotech ont une efficacité contre les variants » soutient-il.
Raison pour laquelle il estime que « c’est important de ne pas différer la 2e dose » de la vaccination qui s’effectue dans 172 centres fixes et 10 centres mobiles dans le pays.A ce jour, 1,3 million de doses ont été injectées et 810 personnes sont en attente de leur 2e dose, « c’est beaucoup mais il faut encourager nos patients à faire la 2e dose » recommande Tiembré Issa.
« Il y a une recrudescence de la maladie, avec 80 décès en août 2021. La vaccination peut nous aider, nous devons être des acteurs de sensibilisation car c’est une réalité », dit-il.
« Tout le monde a envie de sortir de la pression de cette maladie. On est dans la 3e vague très meurtrière. Il faut accroître la vaccination à Abidjan. Il y a des poches de résistance à identifier. La vaccination est la stratégie adéquate », martèle Tiembré Issa.
Il relève pour le regretter que la Côte d’Ivoire n’est qu’à 2% de taux de vaccination alors que la 3e vague conduit à « une saturation des services publics et même privés. »L’autre leçon est que les réseaux sociaux constituent l’une des bêtes noires de la vaccination. « Si je n’étais pas dans la vaccination et de la médecine, j’y aurais été aussi réticent » du fait de l’influence des réseaux sociaux.
Coulibaly Gaoussou recommande dès lors une forte communication sur les « notions d’efficacité et les bénéfices de la vaccination. » Car, estime-t-il, le personnel soignant « n’est pas convaincu de la vaccination ».
La raison, selon lui, « les influenceurs sur les réseaux sociaux, qui font partie des lobbies anti-vaccination et qui fabriquent des faits attribués à des scientifiques. » « Il faut communiquer davantage sur les obstacles et les contourner », recommande-t-il.
Pour sa part, Jean-Jacques Méa, président du Groupement des cadres supérieurs de la santé de Côte d’Ivoire rappelle que l’enjeu de cette conférence était de « renforcer les capacités des cadres supérieurs de la santé sur la COVID-19 parce qu’en ayant beaucoup plus d’informations, ils peuvent mieux participer à la prise en charge des patients »
« Je suis satisfait de par la qualité des participants. Cette réticence des cadres supérieurs de la santé à se faire vacciner, a trouvé réponse avec les explications et informations des experts. »
Par: Issiaka N’Guessan