Au moins 43 personnes, dont des enfants, sont “portées disparues” après le naufrage d’une pirogue surchargée sur le Niger, à la frontière des deux pays, un drame fréquent sur ce long fleuve traversé par des centaines de pirogues chaque jour.
“Soixante-deux ont été sauvés des eaux et, d’après le nombre de chaussures repêchées, on estime qu’il y a quarante-trois autres disparus dans cet accident survenu tôt mercredi sur le fleuve Niger”, a précisé à l’AFP le maire, Oumarou Hassane, qui se trouve près du lieu du drame.
Le corps d’une femme a été retrouvée jeudi. La pirogue, à bord de laquelle se trouvait “une centaine de commerçants béninois et nigériens”, a coulé mercredi vers 06H00 (O5H00 GMT) “sous la surcharge” et à la suite “un coup de vent”.
Un responsable de la gendarmerie du Niger a précisé à la radio publique nigérienne que le naufrage du bateau était survenu “à quelque 200 mètres de sa destination”. Des commerçantes notamment se rendaient au marché avec leurs enfants.
En forte crue au début du mois, le Niger avait débordé de son lit il y a une dizaine de jours provoquant d’importants dégâts aux cultures maraichères. Le débit s‘était ralenti mais son niveau restait élevé.
La pirogue qui transportait “une importante cargaison de céréales”, avait quitté la localité béninoise de Gorou-Béri en direction du marché d’Ouna au Niger, selon le maire.
La majorité des passagers sont des Béninois mais des ressortissants de Falmeye, au Niger, ont assuré que des proches avaient également embarqué, a-t-il dit.
“Les rescapés sont majoritairement béninois. Le corps retrouvé est une Nigérienne marié à un Béninois sur la rive droite du fleuve Niger”, a affirmé le ministre béninois de l’Intérieur Sacca Lafia.
Les conducteurs de la pirogue arrêtés
Les recherches menées par des secouristes des deux pays, appuyés par des vedettes de gendarmerie, des forestiers et des pêcheurs traditionnels n’ont pour le moment permis de découvrir que ce seul corps.
“La protection civile a déjà convoyé des couvertures, des moustiquaires, des vivres, des biens de première nécessité pour les gens qui sont en catastrophe”, selon le ministre béninois.
“Conformément à la loi, les conducteurs de la pirogue ont été mis aux arrêts pour n’avoir pas suivi les consignes de sécurité qu’on leur prodigue tout le temps. On souhaite bien que cela ne se reproduise pas”, a-t-il conclu.
Les naufrages d’embarcations, souvent surchargées sont fréquents dans les eaux du Niger alors que nombre d’opérateurs ignorent les normes de sécurité.
La navigation est “souvent confiée à des adolescents”, avait affirmé à l’AFP une source sécuritaire nigérienne. En octobre 2017, au moins 17 personnes étaient mortes noyées et 26 avaient “disparu” après le naufrage d’un bateau transportant une soixantaine de passagers qui naviguait du nord-ouest du Nigeria vers l’Etat voisin du Niger.
En septembre 2017, 56 personnes avaient péri dans le naufrage d’un bateau surchargé transportant 150 passagers, en majorité des commerçants nigériens, dans l’Etat de Kebbi. Le commerce transfrontalier, notamment de bétail et de céréales, est très développé entre le Niger, le Bénin et le géant Nigeria.
Moussa Mouhamadou, préfet de l’Alibori (nord du Bénin) a donné un bilan proche sur Radio Bénin, parlant d’une quarantaine de disparue et 64 rescapés.
“Juste après le naufrage, les marins (marine militaire) qui ont un détachement à Karimama en lien avec la police républicaine et les pêcheurs riverains du fleuve Niger ont démarré les fouilles. Nous avons obtenu un renfort constitué de plongeurs sapeurs-pompiers qui ont quitté Cotonou très tôt ce matin, ils arriveront dans la journée”, a-t-il ajouté.
“Les rescapés sont rentrés chez eux depuis hier soir et ils se portent bien. Une prise en charge médicale et psychologique est assurée”, a conclu le préfet.
Seuls trois ponts enjambent le fleuve sur les 550 km de son parcours en territoire nigérien. En septembre, des centaines de camions de marchandises avaient été bloqués à la frontière, le pont de Gaya, située sur l’axe routier entre le Niger et le port béninois de Cotonou, ayant été gravement endommagé après des pluies torrentielles.