Politique

Niger: l’opposition exige la tenue des elections locales avant les presidentielles

Réunis ce jour 08 Avril 2015 à l’effet d’examiner la situation née de la dissolution du conseil communal de N’Gourti, les partis politiques membres de l’ARDR rendent publique la déclaration dont la teneur suit :

Militantes et militants,

Le peuple nigérien a opté à travers ses différentes Constitutions que l’Administration territoriale repose sur les principes de la décentralisation et de la déconcentration. Cette option a pour objectif de responsabiliser les populations quant à la gestion responsable de leur cité et d’amener l’État à veiller au développement harmonieux de toutes les collectivités territoriales.

De 2004 à 2009 le peuple nigérien a vécu de manière positive cette expérience de démocratie à la base annonciatrice de bonheur de tous les citoyens parce que génératrice du développement local tant attendu.

Mais depuis l’avènement de la 7ème République avec le programme prétendument qualifié de renaissance, les nigériens constateront le foisonnement de pratiques et autres manœuvres malsaines et illégales tendant à démanteler les fondements politiques, juridiques et administratifs de la gestion des affaires publiques.

La décentralisation, option constitutionnelle voulue et décidée par notre peuple pour permettre aux populations de mieux prendre en charge leur destin, se révèle être celle qui reçoit le plus de violations sous la houlette du Président Issoufou Mahamadou alias Charli.

Aujourd’hui, les collectivités territoriales sont devenues des lieux de prédilection des pratiques mafieuses et des théâtres politiciens où le pouvoir actuel fait et défait les conseils et les maires selon les contingences politiques et pécuniaires devenues la préoccupation majeure du PNDS Tarayya.

Les multiples motions de défiance qui sont indues, les révocations illégales d’élus et les dissolutions abusives des conseils sur fond d’intimidations et de chantages avec leurs corollaires de frustrations sont autant de preuves tangibles de la volonté du PNDS Tarayya à mettre sous coupe réglée toutes les collectivités territoriales du Niger.

Contrairement aux obligations que lui impose la constitution, le Président Issoufou Mahamadou se comporte comme un chef de clan, partisan, toujours impliqué dans le fonctionnement des partis politiques et des institutions républicaines du niveau national, régional et communal.

Ainsi ce que Issoufou Mahamadou et le PNDS n’ont pas pu avoir par les urnes à savoir la légitimité populaire, ils tentent coute que coute, à l’avoir par l’abus du pouvoir d’Etat. Le cas de l’Assemblée Nationale procède de la même machination anti démocratique ou pour la première fois dans l’histoire des régimes semi- présidentiels, un président de l’Assemblée Nationale dit avoir été nommé par le Président de la République.

Au niveau régional, le limogeage des Présidents des Conseils de ville de Niamey et de Maradi, le débauchage des Présidents des Conseils régionaux de Diffa et de Tillabéri et la tentative de destitution du Président du Conseil régional de Zinder attestent de la volonté du Président Issoufou Mahamadou de s’accaparer par l’abus du pouvoir de la légitimité populaire.

Il en est de même au niveau local de la remise en cause du fonctionnement régulier des conseils municipaux de Dogo, Foulatari, Bilma, Torodi, Damana , Dirkou ,Danet etc…

Mais c’est surtout le cas de la commune rurale de N’Gourti qui est la parfaite illustration des pratiques peu orthodoxes et iniques du PNDS TARAYYA.

En effet, la commune rurale de N’Gourti et sa population sont victimes de convoitises d’un groupe d’individus sans scrupule et ce, pour le seul intérêt d’une famille, celle de Mabrouk Ben Adam, beau-père du très contesté Président du PNDS TARAYYA, Bazoum Mohamed. Tous les ressortissants de N’Gourti sont tenus de se soumettre à ce groupe d’intérêts au risque de subir les foudres de cette mafia familiale dont le parrain n’est autre que Issoufou Mahamadou. L’ancien maire Boukar Lamine limogé par le conseil des ministres du 31 juillet 2014 fut la première victime du clan. Un limogeage qui s’explique par le désir des maîtres de N’Gourti de s’accaparer et de contrôler la manne du demi-milliard de francs CFA issu de la ristourne des redevances pétrolières, limogeage intervenu la veille du versement de la dite somme sur le compte bancaire de la collectivité de N’Gourti.

Il faut noter que 90% de ce montant est affecté à l’investissement dans les secteurs sociaux de base que sont: l’éducation, la santé, l’hydraulique et l’agriculture. Voilà ce qui justifie la frénésie gloutonne du chef de clan Mabrouk Ben Adam, ancien sous-préfet reconverti en entrepreneur local.

Malheureusement pour ce clan, le 10 septembre 2014, le PNDS perd la présidence du conseil municipal de N’Gourti avec l’élection de Mme Koubra Kadellah Botrane, militante du CDS Rahama parti de l’opposition politique qui a eu à bénéficier de la voix d’un conseiller du PNDS Tarayya.

Ne s’estimant pas vaincu, le candidat du clan Bazoum, Monsieur Boukar Mohamed porta l’affaire devant le tribunal de grande instance de N’Guigmi le 30 Octobre 2014, accusant la nouvelle maire élue de faux et usage de faux relativement à son diplôme. La Cour de cassation de Niamey va rendre le 26 novembre 2014 l’Arrêt N° 14-061/CC/CRIM par lequel elle a rejeté au fond les accusations portées sur la maire élue. En dépit de l’Arrêt de la Cour de cassation, le ministre de l’intérieur a instruit le préfet de N’Gourti par message radio N° 1257/MI/SP/D/ARC/DGCT du 15 Décembre 2014 pour faire démissionner la nouvelle maire élue. Cette dernière consciente qu’elle a la loi avec elle refusa.

Face à ce refus légalement justifié, d’autres stratégies et manœuvres vont être mises en œuvre pour s’accaparer de la mairie. Il en est ainsi notamment de la prétendue démission d’un conseiller ainsi que de l’argument selon lequel la mairie ne dispose pas d’un receveur municipal. Tout cela dans le seul but de faire croire à l’autorité de tutelle l’existence d’un blocage des activités du conseil.

Toute cette stratégie s’avérant inopérante le clan Bazoum passa à la vitesse supérieure en procédant purement et simplement à la dissolution du conseil par décret pris en conseil de Ministre en date du 20 mars 2015.

C’est ainsi que le 03 Avril 2015 à 14 h par un message radio du Ministre de l’intérieur, le secrétaire général de la préfecture de N’Guigmi militant du parti PNDS Tarayya est affecté à la préfecture de N’Gourti en remplacement de l’actuel Secretaire Général dont le seul défaut est de ne pas être militant du PNDS ; ce dans l’optique de présider la délégation spéciale devant se substituer au conseil dissout. Désormais le clan a les coudées franches pour faire mains basse sur toutes les ressources communales dont la fameuse manne pétrolière.

Militantes et militants,

Le cas de N’Gourti n’est rien d’autre qu’un élément du plan bien connu mis en place par le régime de Issoufou Mahamadou pour contrôler les ressources de toutes les collectivités territoriales après avoir asséché le trésor public pour se constituer un trésor de campagne. L’étape suivante vise à contrôler l’espace électoral qui par la dissolution des conseils, qui par la déstabilisation de leurs membres en vue de leur instrumentalisation en vue de son holdup électoral.

C’est dans cette perspective que le régime pense organiser les élections présidentielles et législatives avant les élections locales, conscient qu’il ne peut tirer sa légitimité que dans la confusion et la manipulation.

C’est pourquoi, l’ARDR

    1)  Ne saurait en aucune manière cautionner ou accepter la remise en cause de l’option fondée sur la décentralisation et la déconcentration et rejette en conséquence le décret de la dissolution du conseil municipal de N’Gourti.

    2)  Apporte son soutien à tous les conseillers et à tous les maires qui refusent de se soumettre à l’intimidation et aux chantages des clans mafieux et du parti rose.

    3)  Apporte son soutien à Mme Koubra Kadellah Botrane seule femme élue présidente d’un conseil municipal dans la région de Diffa dans sa lutte contre l’injustice et l’arbitraire.

    4)  Informe l’opinion nationale et internationale que l’ARDR n’acceptera pas l’inversion de l’ordre séquentiel des élections tendant à organiser les élections présidentielles et législatives avant les élections locales.

    5)  Interpelle à nouveau le Président de la République et le Premier Ministre quant au respect de leur serment où ils ont juré de respecter et faire respecter la constitution que le peuple s’est librement donné et de ne jamais trahir ni travestir les aspirations du peuple.

En tout état de cause l’ARDR demande à ses militantes et militants, sympathisantes et sympathisants à se mobiliser pour contraindre le régime de Issoufou Mahamadou au respect du code général des collectivités territoriales et à l’adoption d’un chronogramme électoral accepté par toutes les parties prenantes avec un juge électoral indépendant et impartial.

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