« Pour moi, le cinéma peut et doit servir à modifier la mentalité de la masse. Chacun de mes films touche à la politique, ne serait-ce que parce qu’il suscite un intérêt auprès de la masse et est susceptible de lui faire prendre conscience de sa culture. Je pense que, pour le moment, le cinéma n’a pas suffisamment prouvé au monde que l’Afrique a une culture propre.
Il doit pouvoir éveiller la conscience du spectateur sur des problèmes spécifiquement africains et guider l’Afrique dans une direction plus viable. » Ces propos sont de Moustapha Alassane, cet homme, qui est un des premiers cinéastes d’Afrique et il a contribué à faire du Niger des années 70 un grand pays de cinéma, n’est plus !.
Moustapha Alassane est né en 1942 à N’Dounga au Niger, il était d’abord mécanicien, il apprend la technique cinématographique à l’Institut de Recherche en Sciences Humaines (IRSH) à Niamey au Niger dont Jean Rouch était le Directeur Scientifique et initiateur du pionnier. Il lui facilite sa formation et l’aide à partir au Canada là où il rencontre le célèbre Norman MacLaren qui lui enseigne le cinéma d’animation.
Il tourne les premiers dessins animés d’Afrique sub-saharienne, réalise des documentaires, des longs métrages. Tourne dès 1961 deux courts métrages inspirés des contes traditionnels : Aouré et La Bague du roi Koda ensuite Deela ou el Barka le conteur, 1969 ; Shaki, 1973), il pratique aussi la satire de moeurs (F.V.V.A., femme, villa, voiture, argent, 1972), où il dénonce l’arrivisme et la soif du pouvoir des nouveaux riches d’Afrique.
Un des pionniers du cinéma nigérien, c’est aussi un précurseur du cinéma d’animation en Afrique, il vivait à Tahoua depuis quelques années où il assurait la gestion de son hôtel. Incontestablement un cinéaste de renom qui a véritablement fait la fierté du Niger, Moustapha Alassane est le premier à ouvrir la brèche dans la réalisation au Niger avec ‘’Aouré’’, un court métrage qui décrit une cérémonie nuptiale dans un village. En 1965, c’est encore lui le premier en Afrique à réaliser le premier dessin animé ‘’La mort de Ganji’’.
Le centre National de la Cinématographie du Niger (C.N.C.N), envisageait déjà, avant son décès de lui dédier un Festival à son Nom en 2017, qui sera dénommé Le Festival de Film d’Animation de l’Ader.
Moustapha Alassane Repose en Paix !