EconomieFeaturedPolitique

Niger berceau de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF)

C’est à Niamey que l’accord historique  pour une zone de libre-échange continentale africaine se concrétise au cours de ce 33ème sommet de l’Union Africaine au bord du fleuve Niger ce 7 juillet 2019.

 La zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF)  est désormais le plus grand accord de libre-échange conclu dans le monde entier depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce au milieu des années 90.

Les cinquante-cinq pays africains par cet accord créeront ainsi  une zone de libre-échange de 1,3 milliard d’habitants, et dotée d’un produit intérieur brut de plus de 2500 milliards de dollars.

La ZLECAF permet d’éliminer 90 % des droits de douane qui s’appliquent actuellement entre les différents pays africains membres.

La ZLECAF est une étape cruciale et historique vers la pleine intégration économique du continent africain, un vieux rêve des fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine des années 1960 du siècle dernier. C’est un événement majeur pour le continent. « Jusqu’à présent, il y a avait surtout des petits marchés en Afrique. 

La ZLECAF permettra de créer une zone commerciale où les entreprises africaines pourront réaliser des économies d’échelle, et augmenter les échanges intra-africains”, explique Margaret McMillan, professeure d’économie à l’Université Tufts dans le Massachusetts.

Elle ajoute qu’il ne s’agit cependant que d’une première étape, et que le projet n’aboutira que si les pays membres parviennent réellement à faire respecter les principes de libre-échange prévus dans l’accord.

De même, un certain nombre d’obstacles pourraient le remettre en question. Par exemple, même si de grandes économies, telles que l’Égypte et l’Afrique du Sud, ont déjà adhéré à l’accord, le Nigéria, qui représente à lui seul près d’un sixième de la production économique totale de l’Afrique, ne l’a pas encore fait.

Une autre difficulté provient de l’absence d’infrastructure transfrontalière solide en Afrique. Le continent devrait idéalement investir près de 100 milliards de dollars par an pour se doter d’une telle infrastructure.

Or, actuellement, les pays africains ne peuvent libérer que la moitié de cette somme. De plus, l’accord ne résoud pas le probl des coûts de transports importants entre les différents pays africains.

Cependant, les avantages de l’accord dépassent largement les problèmes posés. Il devrait notamment permettre de créer un  grand nombre d’emplois de diversifier et de moderniser en profondeur les économies des pays africains.

« Cet accord commercial implique également un changement idéologique important », explique Alexander Hammond, chercheur à la Foundation for Economic Education. « Il marque un adieu aux tendances socialistes que le continent a connues depuis le mouvement pour l’indépendance africaine. L’accord a le potentiel réel de sortir de nombreux Africains de leur pauvreté. »

Les petites et moyennes entreprises en particulier constituent les piliers de l’économie africaine. Elles représentent 80 % de l’emploi total en Afrique. Ces entreprises représentent également 50 % du produit intérieur brut africain.

Toutefois, selon les observateurs, les inégalités économiques importantes entre différents pays membres risquent de poser problème. 

Ainsi, l’Egypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud cumulent à eux trois plus de 50 % du produit intérieur brut total du continent. De l’autre côté, les six États insulaires africains en représentent moins de 1 %.

L’intensification du commerce intra-africain par le biais de la zone de libre-échange continentale africaine rapprochera la promesse d’une croissance tirée par le commerce de la réalité des entrepreneurs, des industriels, des investisseurs, des innovateurs et des fournisseurs de services africains.

 Cette promesse se traduira par plus d’emplois, plus de transfert de technologie et de développement des compétences, une capacité de production améliorée, une diversification, des investissements étrangers et africains accrus, des chaînes de valeur continentales et finalement mondiales.

Himadou Amadou

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *