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Situation politique : Selon Hama Amadou, « ce qui s’est passé au Mali pourrait se reproduire au Niger !»

Investi le 19 septembre dernier à Dosso, candidat du MODEN/FA Lumana, l’opposant Hama Amadou a animé une conférence de presse hier mardi 22 septembre à l’Africa Hall de Niamey. L’occasion pour « l’Autorité morale » du principal parti de l’opposition d’aborder la situation politique du pays ainsi que les prochaines élections notamment les présidentielles. L’ancien président de l’Assemblée nationale a réaffirmé qu’il déposera bel et bien sa candidature puisqu’il remplit toutes les conditions constitutionnelles. Et Hama Amadou d’avertir que ce qui s’est passé au Mali risque de se produire au Niger si le peuple n’est pas d’accord avec les décisions que la Cour constitutionnelle sera amenée à prendre notamment sur sa candidature.

C’est le cas de le dire : depuis son retour sur la scène politique nationale, l’opposant Hama Amadou fait l’actualité au Niger. Ses sorties médiatiques suscitent certes à chaque fois diverses interprétations et polémiques mais qui confirment qu’il demeure encore, quoiqu’on dise, un acteur majeur du jeu politique nigérien. La conférence de presse qu’il a animé mardi 22 septembre 2020 à l’Africa Hall de Niamey n’a pas dérogé à la règle, d’autant qu’elle est la première après son investiture, samedi dernier à Dosso, comme candidat du parti aux prochaines élections présidentielles. Pour l’occasion, « l’autorité morale » du principal parti de l’opposition a été à la hauteur des attentes des hommes des médias qui, depuis quelques temps, voulaient en savoir un peu plus sur certains sujets relatifs à sa vie politique et ses ambitions malgré sa longe traversée du désert. Accompagné par les membres du bureau politique de son parti et ses principaux lieutenants, l’ancien président de l’Assemblée nationale s’est prêté au jeu des questions-réponses des journalistes en n’occultant aucun sujet. Et comme il fallait s’y attendre, la conférence de presse a vite fait le buzz dans les médias et les réseaux sociaux, surtout qu’il y avait beaucoup à dire sur ce que Hama Amadou a dit.

« Je serais candidat quoiqu’il advienne », dixit Hama Amadou !

Si l’ancien premier ministre de Tandja Mamadou, et ex-allié de Mahamadou Issoufou actuellement au pouvoir, a abordé plusieurs sujets notamment la vie du parti qu’il a fondé, la situation politique et les prochaines élections, c’est surtout celui relatif à sa candidature à la prochaine présidentielle qui a le plus retenu l’attention et attisé les débats au sein de l’opinion et particulièrement sur les réseaux sociaux où ses déclarations ont pris une tournure virale. Le fait est que contrairement à 2011 et 2016, où sa candidature n’a fait face à aucun obstacle juridique, cette fois la candidature de celui qui est arrivé, lors des dernières élections présidentielles au second tour contre le président en exercice, alors même qu’il était gardé en prison, est encore sujette à caution. En cause, sa condamnation en 2016 à un an de prison dans l’affaire dite des « bébés importés », qui le rend inéligible au regard de certaines dispositions du Code pénal et du Code électoral. Cependant, comme il l’a affirmé lors de son discours d’investiture du samedi dernier à l’Arène Salma Dan Rani de Dosso, le candidat du MODEN/FA LUMANA a réitéré qu’il déposera bel et bien sa candidature à la Cour constitutionnelle puisqu’il remplit les conditions fixées par la Constitution. « La première condition c’est d’être nigérien d’origine et cette condition je la rempli au sens du Code de la nationale qui explicite la définition d’être nigérien en ces termes : être né au Niger et de parents nigériens qui y sont eux-mêmes nés au Niger », a rétorqué Hama Amadou qui implicitement, verse dans le débat qui fait rage depuis quelques temps sur la notion de « nigérien d’origine », conformément à l’article 47 de la Constitution. En politique comme à la guerre, tous les coups sont permis ! Et les avertis auront compris à qui s’adressait la pique à peine voilée, bien que Hama, en habile politicien n’a pas daigné prononcer de nom. « La seconde condition, c’est qu’il faut jouir de ses droits civils et politiques et je considère que je jouis pleinement de mes droits civils et politiques », a poursuivi Hama Amadou, qui, tout en reconnaissant les dispositions du Code pénal qui lui interdisent d’être éligible du fait de sa condamnation à une année de prison, par implication de la perte de ses droits civils et politiques,  rappelle aussitôt qu’un autre article du même Code, l’article 10, pose, d’après lui, un principe universel selon lequel « il n y a pas de peine qui soit mise en exécution sans avoir été au préalable prononcée par un juge ». A Dosso, lors de son discours d’investiture, l’opposant a déjà clairement affirmé « qu’aucun juge nigérien ne lui a encore notifié sa déchéance politique ».

La question qui se pose alors et qu’un journaliste n’a pas hésité à poser, c’est ce qu’il se passera en cas de rejet de sa candidature par la Cour constitutionnelle du fait de cette condamnation. Et là, Hama Amadou a laissé entendre que si sa candidature est rejetée par la Cour constitutionnelle, alors « ce qui s’est passé au mali pourrait se reproduire au Niger ». Et pour mieux se faire comprendre afin de lever toute équivoque, il a tenu à expliquer le pourquoi :

 « Bien sûr que je parle de l’action que le M5-RFP a créé au Mali. Si quelqu’un a une idée autre que celle-là, la personne n’a qu’à corriger. Il est évident que si le peuple n’est pas d’accord avec quelque chose, le peuple peut réagir et créer les conditions pour que la vérité s’impose. Si le peuple veut, les décisions mal prises par la Cour constitutionnelle seront annulées. Donc, c’est au peuple que je fais appel. Ce n’est pas simplement de la désobéissance civile, c’est de l’action civile pour charger une situation qui ne plus perdurer. Nous devons revenir aux vraies règles démocratiques, nous devons revenir à la transparence, nous devons revenir à une gouvernance d’intérêt national et non à une gouvernance d’intérêt de clan. C’est l’affaire du peuple, ce n’est pas l’affaire de quelqu’un d’autre. Donc si les gens croient que je pense aux militaires, ils n’ont qu’à enlever ça de leur tête. Je suis un politicien, je suis un civil et toutes mes actions s’inscrivent dans le cadre civil et dans l’action politique qui permettent aux civils d’agir sur sa gouvernance ». Hama Amadou

Ce que Hama Amadou a dit lors de sa conférence de presse, il l’a déjà dit samedi dernier à Dosso,  même s’il n’a pas explicitement fait référence à la situation malienne :

 « Je serais candidat parce que je suis nigérien d’origine conformément à l’article 47 de la Constitution et c’est aussi à un juge et non à Tarraya de notifier à un citoyen sa déchéance civile et politique. La cour constitutionnelle du Niger ne peut pas rejeter ma candidature et retenir celle de quelqu’un qui ne peut même prouver qu’il est nigérien ». 

Au cours de sa conférence, Hama Amadou a aussi évoqué d’autres sujets comme le lancement de la nouvelle Coalition pour l’Alternance politique (CAP 20-21). A ce sujet, il a trouvé « stupide », l’idée insufflée par un journaliste dans sa question sur le « pourquoi pas » d’une candidature unique de l’opposition aux prochaines élections. Mais il a assuré que selon l’accord signé,  tout candidat recalé au premier tour va s’engager en faveur de celui membre de la coalition qui arrive en second tour. Sur son programme politique, en tant que candidat, Hama Amadou a évoqué les grandes lignes, à savoir une réforme du système judiciaire parce que, selon lui, « la justice est au cœur du  développement dans un régime démocratique », et plus de place aux jeunes et aux femmes afin de préparer la nouvelle génération à prendre en charge le développement du pays, dixit Hama !

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