Réunies en session extraordinaire le samedi 10 et le dimanche 11 mai 2014, pour examiner la situation sociopolitique et économique de notre pays, nous structures de la société civile, soucieuses de la sauvegarde du cadre démocratique, de la quiétude sociale et de la cohésion nationale, rendons publique la déclaration dont la teneur suit :
Sur le plan politique
Ces derniers jours, le peuple nigérien a suivi, avec amertume, le spectacle désolant, irresponsable et ridicule offert par la représentation nationale à l’occasion de la mise en place du bureau de l’Assemblée Nationale. Le blocage des travaux du parlement enfonce le pays dans un immobilisme inutile et inacceptable dont les conséquences sont incalculables pour notre Nation.
Notre loi fondamentale, censée réguler et résoudre les problèmes et autres malentendus politiques, est allègrement foulée au pied, au nom des intérêts partisans ou sectaires par ceux –là mêmes qui sont censés la respecter.
L’administration publique, qui doit rester une institution neutre et apolitique comme le prescrit l’article 62 de la constitution, est transformée en un bras séculier de la coalition au pouvoir ; sur fond de magouilles dans les recrutements, les promotions et la mobilité des agents de l’Etat.
Contrairement aux engagements solennels pris devant le peuple, et en violation flagrante de leurs serments confessionnels, la corruption, l’enrichissement illicite, la concussion, le trafic d’influences, le népotisme, le blanchiment d’argent, l’impunité et l’injustice sont, au vu et au su de tout le monde, érigées en mode de gouvernance par le régime actuel.
Sur le plan économique
:
Il vous souviendra que le collectif de cinquante structures de la société civile pour la défense des intérêts du Niger a engagé un combat pour le respect et l’application stricte de la loi 2006 dans le cadre de la négociation d’un nouveau contrat entre le Niger et le groupe nucléaire français Areva.
A la date d’aujourd’hui, en dépit de toutes les professions de foi de nos dirigeants, les informations en notre possession indiquent que les intérêts de notre pays ont été sérieusement compromis au profit d’Areva.
Par ailleurs, depuis que notre pays a fait son entrée dans le cercle des pays producteurs de pétrole, les autorités semblent engagées dans un endettement à outrance, pour la réalisation de projets de prestige naturellement très souvent éloignés des besoins réels des populations et qui n’ont parfois aucun caractère structurant pour l’économie du Niger qui, faut-il le rappeler, est essentiellement tirée par le secteur rural. Cette politique d’endettement risque, si on n’y prend garde, de coûter cher aux générations actuelles et futures.
En tout cas, pour l’instant, seule une petite minorité de la nomenclatura en place profite de la manne pétrolière, réfusant systématiquement toute réduction des prix des hydrocarbures pouvant avoir une incidence positive pour la vie des citoyens ordinaires.
Sur le plan social
:
Aujourd’hui, au moment où les politiciens se donnent en spectacle, les populations de notre pays sont éprouvées par l’insécurité alimentaire, la cherté de la vie, notamment les prix des produits de première nécessité et les coûts de loyers, les coupures intempestives d’eau et d’électricité, la dégradation des services publics de santé et d’éducation.
En dépit de la gravité de la situation sociale du pays, nos responsables politiques, toujours égaux à eux-mêmes et nullement soucieux de l’intérêt général, se proposent d’augmenter le nombre des députés de 113 actuellement à 171 pour la prochaine législature.
Ce qui engendrera inévitablement la hausse des dépenses de fonctionnement de cette institution.Tous ces maux provoquent en ce moment une grogne sociale grandissante, qui ne sera pas sans conséquence sur le quotidien des populations, mais aussi le fonctionnement des divers services publics.Depuis quelques temps, le front social est en effervescence.
Les autorités actuelles trouvent un malin plaisir à signer des conventions et des accords avec tous les syndicats et sans jamais les respecter ni les mettre en œuvre.
Sur le plan sécuritaire
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Plusieurs régions de notre pays, notamment la région de Tillaberi, Agadez et Diffa sont transformées en périmètre d’insécurité orchestrée par des groupes terroristes et narco- trafiquants de tout acabit.
Pendant que notre pays cède notre souveraineté en permettant l’installation des bases étrangères en violation flagrante de l’article 169 de la constitution.
Au vu de tout ce qui précède, nous structures de la société signataires de la présente déclaration :
Réaffirmons notre attachement aux valeurs républicaines et à la démocratie ;
Rappelons au Président de la République son serment coranique dans lequel il s’engageait à respecter et à faire respecter la ConstitutionFustigeons le comportement irresponsable des députés et constatons qu’ils ne sont plus dignes de représenter le peuple nigérien ;
Condamnons les violations répétées de notre loi fondamentale, le non respect des décisions de justice ainsi que les arrêts de la Cour Constitutionnelle ;Déplorons la duplicité des autorités dans la gestion de leurs relations avec les structures syndicales ;
Déplorons et condamnons également le rapt des deux cent quatre vingt six jeunes filles du Nigéria par le boko haram et demandons aux autorités de ce pays de tout mettre en œuvre afin que celles-ci soient libérées dans les plus brefs délais ;
Profitons de cette même occasion pour attirer l’attention des autorités sur le risque de débordement de cette crise dans notre pays. Aussi, nous leur demandons de prendre toutes les mesures idoines pour éviter à notre peuple des souffrances supplémentaires ;
Déclarons la création du collectif Sauvons le Niger qui se veut être le rempart de la démocratie dans notre pays ;Appelons toutes les forces vives de la nation à se mobiliser comme un seul homme pour faire échec aux fossoyeurs de la démocratie qui qu’ils soient ;
Lançons un appel pressant à toutes les nigériennes et à tous les nigériens pour éviter à notre pays de revivre des situations difficiles dans lesquelles l’amnésie et l’irresponsabilité des politiciens semblent vouloir nous ramener ;
Vive le Niger !Vive la démocratie