Cacophonie de l’Opposition Politique Nigérienne

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L’opposition nigérienne vit des heures difficiles, grignotée par trois maux qui expliquent tous le drame qu’elle vit. Incapable de s’affirmer depuis la sortie des dernières élections, elle gît dans une aphasie qui la plonge dans un coma profond au point de dérouter des militants chez qui, pourtant, l’envie de se battre ne s’est pas pour autant éteinte. Très vite, par le manque de leadership pour soutenir politiquement les manifestations de rue, l’opposition perdit son âme. Lorsque déroutés, ne voyant personne autour d’eux, les manifestants allèrent au domicile de celui dont la victoire était arrachée, ils durent, mais contre toute attente, se résigner à entendre un discours tout à l’antipode de celui que l’homme pouvait tenir pendant la campagne, demandant tristement aux jeunes de repartir et d’attendre alors même que certains, et d’autres leaders devenus des agneaux pour le régime, étaient arrêtés et envoyés en prison. L’homme pour lequel des gens se battaient, depuis, n’eut plus de parole jusqu’à un mois après pour sortir avec ses compères pour faire une déclaration laconique dans laquelle, il appelait enfin à la libération des personnes arrêtées ? cependant, certains de ses leaders, hier combatifs, se sont rendus, toute honte bue, cherchant à grignoter car trop inquiets pour la traversée prochaine du désert à laquelle les destinait la conduite d’Ousmane face à son pouvoir usurpé, d’autres plus hargneux, trahis, et précautionneusement envoyés en prison, ne peuvent plus avoir de paroles publiques, quand d’autres desquels les troupes déçus commencent à douter, comme surpris dans leur complot et leur trahison, par la gêne du regard quelque méprisant que peuvent porter certains sur leurs personnes, ils se terrent dans leurs silences, tristes sans doute d’avoir perdu leur aura et l’estime, en d’autres plus heureux, qu’ils avaient auprès de militants admirateurs.

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Depuis les manifestations consécutives à l’annonce des résultats de la dernière présidentielle controversés, lorsque, tenus par les engagements des leaders à ne jamais accepter de se faire voler leur victoire, l’opposition se mettait debout, à savoir sa jeunesse, notamment dans la capitale, alors que tous les leaders étaient devenus invisibles, aucun ne pouvant plus sortir ni pour calmer le jeu ni pour avoir le courage d’assumer politiquement la lutte engagée par des jeunes qui se sacrifiaient alors pour honorer la parole des chefs absents ces jours de haute tension dans le pays.

Ruptures…

Depuis que certains, au sein de cette opposition, pouvaient avoir le sentiment d’être trahis – et à juste titre – les acteurs n’eurent plus confiance à l’engagement de certains autres au sein de la coalition qui accompagnait Mahamane Ousmane dans son aventure présidentielle. Il est d’ailleurs légitime que certains militants déçus, se plaignent qu’il ne sorte, même s’il n’en pas les moyens de le libérer, qu’un mois après pour demander « la libération des prisonniers politiques ». Comme les jeunes qui avaient eu ce sentiment d’être trahis par leur hiérarchie politique, le parti de Hama Amadou, eu ce sentiment de la trahison quand tous, peuvent le jeter en pâture, lui et son parti, pour se sacrifier pour tous quand tous les autres, par quelques calculs mesquins, peuvent se rendre invisibles, éloignés de la lutte attendant, peut-être qu’un système soit défait pour venir avec la grande gueule, et jouer au héros. Le Moden Fa Lumana de Hama Amadou en a tiré des leçons, pour comprendre que le Niger pour lequel ils se battent, est un bien commun qu’ils ne peuvent seuls, prendre la responsabilité de défendre au risque de se faire stigmatiser et se faire porter la casquette de radicaux politiques sur l’échiquier national. Le Niger est à tous, peut-on entendre, ici et là.

L’on a même appris par certains journaux et médias, que depuis ces événements, jusqu’à cette première déclaration, et jusqu’à son évacuation sanitaire, le leader du Moden Fa Lumana et celui du RDR-Tchendji, ne se serait jamais parlé, la rupture devant être totale entre les deux hommes ; une information qui reste à vérifier. D’ailleurs, combien de déclarations a-t-il pu initier, sans que pour autant, l’on ne puisse voir des responsables du parti de Hama Amadou ? Le malaise au sein de l’opposition, ne peut donc être démenti quand, de telles preuves sont notoires, estiment certains observateurs.

Il est vrai que chez les militants de Hama Amadou la volonté de se battre est réelle et irrévocable, mais ils n’entendent plus le faire au sein d’une « majorité ambigüe », pour reprendre l’expression d’un autre qui a fait fortune à la Conférence Nationale Souveraine.

Mais il n’y a pas que cela, d’autres partis, très tôt, fatigués de se s’opposer, ou du moins de s’opposer sans s’opposer, prirent les chemins de la migration, et regagnaient, l’homme qu’ils vouaient aux gémonies, allant, pour une raison ou pour une autre, souvent jusqu’à lui dénier sa nigérinité. Seini Oumarou d’abord, puis Kiishin Kassa d’Ibrahim Yacoubou, Kadaouré ensuite, durent, tout humiliés, partir à la mangeoire, donnant pour s’en défendre, des explications plutôt farfelues. Et depuis, comme le dit un adage, « la bouche qui mange ne parle pas ». Ils durent se ranger et se discipliner désormais pour le confort de leurs ripailles. Mais, il faut quand même noter qu’un seul, depuis des mois, tente, par des déclarations et par un activisme sur les réseaux sociaux, de porter le flambeau de la lutte de l’Opposition, harcelant le nouveau régime de critiques acerbes, de dénonciations outrageantes. Oumar Hamidou dit Ladan Tchana, est donc, le seul porte-voix de cette opposition devenue tragiquement muette lorsque des contradictions internes la laminent et qu’elle doit être animée par des hommes qui ne doivent pas s’aimer forcément, mais unis par un certain opportunisme.

Cette érosion a donc porté le coup de grâce à cette opposition qui tente, par le seul leadership actif de Tchana, de se réaffirmer aux côtés de ses voix nombreuses coléreuses qui existent encore dans le pays, attendant, désespérés, le changement rêvé pour le pays aux mains d’un socialisme mafieux.

Le nerf de la guerre fait-il défaut ?

Comment cette opposition, peut-elle gagner ses combats quand, elle doit manquer les moyens de sa lutte ; et que personne en son sein, prétextant une précarité, ne peut avoir l’audace de consentir le sacrifice nécessaire pour financer ses actions ? Partout, en son sein, les uns et les autres se plaignent de manquer de sous, et sur une telle malice, il est clair qu’on ne peut gagner des luttes politiques. Même dans les grandes démocraties où les idées déterminent les combats et les choix, il est évident qu’il y a un minimum à consentir pour organiser et réussir des luttes politiques. Là est le grand drame que vit l’opposition aujourd’hui asséchée et peut-être que cette situation qui rend son corps vulnérable, justifie, à certains égards, l’érosion qui la diminue, avec le départ progressif de tant de ces membres attirés par l’arôme des plats viandés de la renaissance. Pourtant, il pouvait comprendre que ses militants ne sont pas du genre qui vit de corruption car leur fidélité en plus de dix années de « manque », et de résistance le prouve à suffisance. Il va sans dire qu’elle a encore des potentialités et un contexte favorable pour se réorganiser, et se donner les moyens de ses ambitions autour de leaders engagés, convaincus de la noblesse des luttes futures à mener. Mais comment le faire, quand, le Moden Fa Lumana, se rend discret ces derniers temps et quand, savamment, les mêmes stratèges du PNDS, semblent réussir à inoculer au RDR-Tchendji le virus de la division ?

RDR-Tchendi, à l’heure des divisions ?

La semaine a été riche de nouvelles surprises, lorsque sur les médias, l’on entend, les éloges que peut faire un des proches de Mahamane Ousmane à Bazoum Mohamed et à son régime. Comment avait-il été si pressé, et peut-être si indiscret à dévoiler aussi rapidement les démarches souterraines que mènerait son parti pour trouver un espace d’exil au sein de la Renaissance ? La nouvelle, lorsqu’on tient compte de ce qui avait été la conduite de Mahamane Ousmane dans la gestion du contentieux électoral, ne peut que définitivement desservir son image, celle de son parti et le discréditer à jamais. En courant au sapeur-pompier avec une déclaration pour démentir le commerce politique révélé, le RDR-Tchendji, réussit-il vraiment à sauver les meubles surtout lorsqu’on sait qu’il a réussi à faire douter de lui par la conduite qui a été la sienne depuis plus d’un an relativement à revendication de sa victoire ?

En l’absence d’une opposition debout et organisée, c’est le régime qui en profite pour continuer à pêcher en son sein – et de gros poissons – car quelle raison donne-t-elle, lorsqu’elle n’a plus de combat à mener, et qu’elle semble capituler, pour que d’autres restent à attendre et à espérer de ses silences et de son inaction ? Dans sa nouvelle posture attentiste, elle risque de se déplumer totalement.

A chacun de s’assumer, face à l’Histoire.

Par Waz-Za

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