Mesures préventives contre les inondations dans la ville de Niamey : Les collectivités s’activent pour protéger les populations et leurs biens

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En 2022, les fortes pluies enregistrées dans l’ensemble du pays ont engendré des inondations aux conséquences désastreuses sur les personnes et leurs moyens de subsistance. Selon le Ministère de l’Action humanitaire et de la gestion des catastrophes, au 31 décembre 2022, les inondations ont touché 365.438 personnes (46.611 ménages) sur l’ensemble du pays. On a dénombré également 195 personnes blessées, 41.820 maisons et 126 classes effondrées. Ces inondations résultent généralement des fortes pluies pendant un court laps de temps, entrainant des crues soudaines et des intempéries localisées, notamment le long des rives des cours d’eau.

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Dans la capitale Niamey, plusieurs quartiers sont chaque année impactés par la crue du fleuve entrainant des inondations du fait de leur proximité. En effet, il s’agit principalement de la rive droite et de l’arrondissement Niamey 4. Dans les années antérieures, les failles liées à la construction des digues et l’ensablement du fleuve ont conduit à des inondations des rizières et des quartiers entiers, obligeant le gouvernement et les collectivités à reloger des centaines de ménages dans des salles de classe. C’est pourquoi tous les ans, à l’approche de la saison d’hivernage, les équipes techniques de ces deux arrondissements effectuent des rondes sur le terrain pour recenser les éventuelles failles et dresser une fiche technique qui est transmise à la ville de Niamey en vue d’entreprendre les travaux nécessaires. « Depuis le mois de Ramadan, j’ai pris une équipe constituée de tous les services concernés pour sillonner l’arrondissement. À l’issue de cette visite, nous avons dressé un planning et avons eu l’approbation du président du Conseil municipal de Niamey, qui a instruit la DSTM de mettre à notre disposition les moyens pour faire ces interventions », a déclaré le maire de la commune 5, M. Mamadou Moutari Harouna.

Dans la commune 5 situé sur la rive droite du fleuve, les quartiers principalement inondables sont entre autres, Nenni, Nenni goungou, Kossey, Kourterey, Karagué, Banga bana, Kirkissoye, et Saguia. Parmi les opérations contenues sur cette fiche technique, a dit le maire, il y a le curage des caniveaux. Une étape fondamentale pour permettre l’évacuation des eaux de ruissèlement. Le travail est en train de se faire, bien que cela ne se passe pas au rythme voulu par les autorités municipales. « Nous essayons d’accélérer et pour cela, nous avons demandé des renforts de la Ville pour venir appuyer les éléments de la commune. Ensuite, il y a les tranchées qu’on a prévu de faire dans certains quartiers et le rechargement latéritique qu’on doit effectuer dans d’autres zones », a détaillé le maire.

Le maire Mamadou Moutari Harouna a assuré que des dispositions sont prises pour renforcer des digues de protection. « Les digues secondaires ont besoin de quelques retouches à des endroits. Les clapets anti-retours que nous avons visités, quelques-uns ont besoin de réparation. Quant à la digue principale de protection de notre commune, l’État et les partenaires ont déjà pris des dispositions. Et nous pensons qu’il n’y a pas d’inquiétude à se faire. Nous avons également une équipe de veille pour qu’à la moindre alerte, des dispositions soient prises », a rassuré le maire de l’arrondissement communal Niamey 5.

Les populations riveraines du fleuve Niger ont dans les années antérieures, fait l’objet d’un relogement suite aux inondations de leurs habitats. C’est le cas du quartier Seno où récemment plus de 900 ménages sont relogés sur le site Enseignant-chercheur. Malheureusement, déplore le maire, pendant un temps, le laisser aller a permis à certains individus de revenir et à d’autres de vendre leur ancien terrain à de tierces personnes. « Nous sommes en train de veiller avec les services techniques pour mettre fin à ce phénomène. Une fois que vous êtes relogé ailleurs, suite à un sinistre et qu’un terrain est mis à votre disposition, logiquement l’ancien terrain devient la propreté de la mairie. Nous sommes en train de monter des dossiers pour chercher des financements auprès des partenaires afin de mieux sécuriser les zones inondables», ajoute-t-il.

« Contrairement aux années précédentes, actuellement nos digues sont sécurisées. Elles sont revêtues et rehaussées à deux reprises, donc nous espérons qu’il n’y aura plus de problème. Relativement au peu qui reste à faire pour les parfaire, les études sont en cours à travers le PIDUREM pour achever l’ensemble des digues de Saga jusqu’au deuxième pont », a expliqué M. Ibrahim Sawa, responsable service génie rural à la commune 4.

D’autre part, il a ajouté que des bassins versants sont construits pour diriger les eaux vers les caniveaux qui se déversent dans le fleuve afin d’éviter l’inondation des zones riveraines de la digue. Les quartiers impactés par les inondations à la commune 4 sont Bassora, Niamey 2000, les alentours du marché Wadata. « Ainsi au marché Wadata, il y a des caniveaux, mais le temps mis pour évacuer les eaux, c’est ce qui provoque les inondations. Sinon dans les autres quartiers comme Bassora et Niamey 2000, il manque des ouvrages d’évacuation. Je pense qu’avec le PIDUREM qui est un nouveau projet qui prend en compte l’aménagement des villes, ce problème sera résolu », déclare-t-il.

Dans le quatrième arrondissement de la ville de Niamey, la municipalité a fait du curage et du ramassage des poubelles, son principal moyen de prévenir les inondations. Ainsi, au cours de l’année, bien avant et pendant la saison d’hivernage, plusieurs opérations de curage sont menées dans le territoire de la commune, et cela, avec le soutien des chefs de quartiers selon le chef service hygiène et assainissement de la commune 4, M. Bachirou Mahamane Moctar. « Pour un début, on a curé, mais avec la fête de tabaski, ils ont encore rempli ces caniveaux avec des déchets. Nous sommes contraints maintenant de reprendre le travail », a-t-il déploré.

En outre, il y a des dépotoirs à évacuer. « Nous les avons un peu partout dans les quartiers. Là aussi, nous les vidons en fonction de l’urgence. Nous avons un programme d’évacuation établi », a-t-il souligné. Mais, ajoute le chef service hygiène et assainissement, l’insuffisance de matériels font qu’on ne puisse pas subvenir aux besoins de tous les quartiers. « Nous tournons avec les moyens de bord afin de satisfaire cette population qui a placé toute sa confiance en nous », a-t-il précisé.

C’est l’incivisme qui pousse certains individus à déverser des ordures dans les caniveaux qui passent devant leur habitation, bloquant ainsi l’écoulement des eaux. En conséquence, on assiste à un débordement des eaux de ruissèlement qui laisse des déchets sur les voies, dans le pire des cas, participe à l’inondation des habitations. Les citoyens qui s’adonnent à cette pratique ont cet état d’esprit de penser, selon lequel la mairie sera toujours là pour ramasser. « C’est quand les moustiques les dérangent, qu’ils courent vers les municipalités, pour leur reprocher de ne pas faire leur travail. Alors que chacun a le devoir en tant que citoyen de veiller à ce que ces caniveaux ne deviennent pas des poubelles », a dénoncé M. Bachirou Mahamane Moctar.

Selon le chef service hygiène et assainissement de la commune 4, des campagnes de sensibilisation sont réalisées en direction des populations afin qu’elles comprennent l’importance de ces voies d’évacuations. « On essaye après les opérations de curage de sensibiliser la population, car ces voies d’évacuation sont là pour les soulager. Nous espérons qu’un jour les consciences changeront ». « Les quartiers comme Aéroport, Saga et Gamkallé sont les quartiers qui nous donnent du fil à retordre, surtout à Saga avec le problème d’inondation, parce que c’est un quartier construit dans le lit du fleuve Niger. Du coup avec la saison de pluies, les eaux reviennent inonder quelques endroits », explique M. Bachirou.

Malgré la mise en place d’un mécanisme de sanction par contravention, le phénomène ne fait que s’accroître, laissant, la mairie à court de recours. Il ne reste plus qu’à continuer la sensibilisation en espérant qu’un jour, les mentalités changeront et les consciences s’éveilleront. En attendant ce jour, les agents de la mairie curent le peu de caniveaux dont dispose la ville. « On n’a pas assez de réseau. Mais on essaie de faire de notre mieux. Et je me dis, il vaut mieux arrêter les sanctions pour privilégier la sensibilisation. En effet, il y a des individus qui prennent du plaisir à défier l’autorité», a-t-il conclu.

Hamissou Yahaya (ONEP)

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